La Commission européenne de Bruxelles a annoncé récemment le projet d’une nouvelle version de la directive européenne ePrivacy de 2002. Le nouveau règlement en projet pourrait interdire les grands médias de collecter les données personnelles de leurs lecteurs.
La nouvelle version du projet européen ePrivacy
Ce nouveau projet qui vise à remplacer l’actuelle directive ePrivacy est encore en cours de discussion mais suscite déjà de nombreux débats. La nouvelle directive choisie permettrait aux utilisateurs de décider du niveau de protection qu’ils souhaitent mettre en place dès leur première connexion sur l’ensemble des sites Web qu’ils visiteraient par la suite.
Actuellement, les internautes choisissent d’accepter ou non les « Cookies » pour chacun des sites qu’ils visitent. On appelle « Cookies » les petits fichiers textes stockés par le navigateur Web et qui se greffent sur l’ordinateur de l’utilisateur dans l’objectif de capter ses données personnelles.
La collecte des données personnelles permet de diffuser des publicités ciblées aux internautes en fonction de leurs centres d’intérêt. En effet, les recherches que l’on effectue sur un site Web sont enregistrées et peuvent faire l’objet de publicités lorsque nous naviguons sur un autre site internet. Également, les pages que nous avons visitées, le temps passé sur chaque page… sont des données informatiques récupérées par ces cookies et permettent aux annonceurs d’afficher des publicités personnalisées.
Si l’utilisateur décide de supprimer ces cookies, il ne sera donc plus confronté à ce genre de communication.
Les médias se mobilisent contre Bruxelles
Le nouveau règlement en projet de la Commission Européenne de Bruxelles provoque le courroux de nombreux médias. En effet, les grands médias utilisent les données personnelles collectées par les cookies pour diffuser des informations ciblées auprès de leurs lecteurs. Une trentaine d’éditeurs de presse européens réclament ainsi la révision de ce projet qui, selon eux, menace leur modèle économique sur le Web.
Les éditeurs de presse protestent contre ce nouveau projet qui les priverait d’informer chacun des lecteurs en fonction de leurs centres d’intérêt. Ils souhaitent défendre les avantages des contenus journalistiques et marketing personnalisés pour les internautes, ainsi que l’importance de l’abonnement et de la publicité sur le Web dans le modèle économique actuel.
Selon eux, la nouvelle version ePrivacy favoriserait la réorientation des annonceurs publicitaires de la presse vers des plateformes numériques dominantes. L’investissement dans le journalisme de qualité serait alors diminué. Les éditeurs contestent aussi le fait que la presse n’ait jamais eu autant de lecteurs qu’aujourd’hui grâce à ces démarches de personnalisation.
La presse digitale s’est beaucoup développée et a su conquérir de nouveaux lecteurs moins intéressés par la presse papier. Le fait de bien connaître ses lecteurs permet à la presse de leur proposer un contenu plus pertinent et plus adapté. Le recueil des données personnelles des internautes aide les éditeurs à mieux connaître les centres d’intérêt éditoriaux de chaque lecteur : c’est pourquoi ils demandent une révision du nouveau projet du règlement ePrivacy.
Avis de Laurent Brault, dirigeant de MDK Solutions
La presse s’inquiète au sujet du nouveau projet ePrivacy annoncé par la Commission européenne de Bruxelles. Beaucoup de sociétés utilisent les données personnelles pour développer leur business.
Néanmoins, nous pourrions nous demander s’il ne serait pas préférable de mettre en place un accord global comme proposé par ce nouveau projet, tout en instaurant des accords spécifiques qui pourraient faire l’objet de rémunérations pour le fournisseur de données personnelles, qui sont tout simplement vitales pour de nombreuses sociétés.
Le nouveau règlement de ePrivacy pourrait donc être une bonne chose pour réguler ce marché de la collecte de données personnelles, qui permettent bien souvent de diffuser des publicités très intrusives tout au long de la navigation des utilisateurs sur internet.